Radiohead – The Bends – 13/03/1995

Radiohead - The Bends

Le 13 mars 1995 Radiohead sort son 2ème album The Bends. Il s’agit du chef-d’oeuvre rock du groupe. Après le succès oppressant de son hymne Creep, et avant d’explorer pleinement leur fascination pour l’électronique, les membres de Radiohead livrent un ensemble de chansons provocantes et fragiles. Chaque titre retient l’attention, et tous sont assez solides pour être doucement chantés en acoustique ou jouer au taquet par le groupe entier. « Bones », « Just » et « Iron Lung » (single enregistré en direct, à l’exception des voix) déchaînent les foules aujourd’hui encore. L’autre partie est plus calme, du sarcasme subtil de « (Nice Dream) » au somnolent « Bullet Proof », en passant par les sonorités pseudo-hippies du titre final « Street Spirit (Fade Out) ». Sur ce dernier titre, le chanteur Thom Yorke livre une de ses performances les plus puissantes.
Visuellement, The Bends est un méli-mélo. Une photo de mannequin de sauvetage (signée Thom Yorke) figure au recto, et la pochette est recouverte de tâches de couleurs à motifs numériques. Il faut peut-être y voir un signe annonciateur de l’abstraction grandissante de leur musique.

The Velvet Underground – The Velvet Underground And Nico – 12/03/1967

The Velvet Underground - The Velvet Underground and Nico

Le 12 mars 1967, le Velvet Underground sort son 1er album The Velvet Underground And Nico. Le style musical est éraillé, de basse fidélité – la plus grande partie de l’album a été enregistrée en huit heures à New York pour 2000 dollars environ. Les paroles de Lou Reed introduisent un demi-monde dérangeant : « Venus In Furs » est un hymne au sadomasochisme, où l’alto monotone de John Cale se fait tour à tour caressant et claquant, comme un fouet. « Heroin » est d’une amoralité désarmante sur la drogue, avec une musique alternativement apaisante et chaotique. Pourtant, le Velvet sait aussi faire une musique d’une joliesse séduisante – comme par exemple avec le tintement de boîte à musique de « Sunday Morning ».
Cet album, qui aborde franchement les thèmes du sexe et de la drogue, est banni des radios new-yorkaises et ignoré des autres. Les critiques le détestent, pensant qu’il n’est qu’une mystification de Andy Warhol, à qui l’on doit la banane emblématique de la pochette. Et presque personne ne l’achète. Mais des groupes de la new wave, comme Joy Division, Talking Heads et Television doivent beaucoup au minimalisme du Velvet et le sarcasme de Lou Reed inspire tout une série de chanteurs punk.

U2 – The Joshua Tree – 09/03/1987

U2 - The Joshua Tree

Le 9 mars 1987 U2 sort son 5ème album The Joshua Tree. Dans la longue et inégale carrière de U2, l’album marque l’éveil du groupe aux possibilités technologiques du studio. Il étoffe son souffle post-punk et découvre la grandeur, l’abstraction et la finesse. La nature épique de succès comme « Where The Streets Have No Name » (dont l’introduction fait partie des plus émouvantes du rock, surtout en concert), « With Or Without You » (ce qui se rapproche le plus d’une chanson d’amour passionnée chez U2) et « In God’s Country » (avec son riff de guitare brillant) attirent l’attention. The Joshua Tree séduit aussi beaucoup d’auditeurs parmi les moins friands des explosions supersoniques de The Edge, grâce à la beauté simple de « Red Hill Mining Town » et « Exit ».
Si l’album a un défaut, c’est le ton sérieux et moralisateur de plusieurs paroles de Bono. Alors que le propos sous-jacent de « Bullet The Blue Sky » (une critique des activités américaines en Amérique centrale) est encore remarquable aujourd’hui, la voix outrancière de Bono sonne exagérément sérieuse. Cette tendance malheureuse est à son apogée dans l’album suivant du groupe Rattle and Hum.

Nine Inch Nails – The Downward Spiral – 08/03/1994

Nine Inch Nails - The Downward Spiral

Le 8 mars 1994 Nine Inch Nails sort son 2ème album The Downward Spiral, résumé ainsi par le leader Trent Reznor : « Il s’agit de quelqu’un qui rejette tous les aspects de sa vie. Il se tourne vers le vice pour essayer de calmer la douleur ».
Cette ode à la souffrance voit le jour dans la maison de Los Angeles où les fans de Charles Manson ont assassiné l’actrice Sharon Tate. Les chansons baignent dans l’horreur, bien que Reznor nie que les « pigs » récurrents aient un rapport avec « Piggies », le titre des Beatles utilisé justement par Charles Manson pour justifier ses meurtres. Les morceaux industriels, comme « March of the pigs », comportent des moments séduisants. Le dansant « Closer », dont les batteries sont samplées à partir du « Nightclubbing » de Iggy Pop, contient l’un des refrains les plus cités de la décennie : « I want to fuck you like an animal ». Enfin, il y a « Hurt », la meilleure chanson anti-drogues selon Johnny Cash, dont la reprise est devenue son épitaphe.
The Downward Spiral est aussi éloigné de l’easy-listening que du rock grand public. Si cela vous parle, vous pouvez commencer à vous inquiéter sérieusement. Ses guitares déchirantes, ses batteries assourdissantes et ses chansons étonnantes sont malheureusement contagieuses.

David Bowie – Young Americans – 07/03/1975

David Bowie - Young Americans

Le 7 mars 1975 David Bowie sort son 9ème album Young Americans. Pendant sa tournée aux Etats-Unis en 1974, Bowie a été séduit par la musique noire américaine et a demandé à son producteur Tony Visconti de le rejoindre pour réaliser un album soul. Principalement composé en studio, l’album brille de son exubérance limpide. De la banalité avouée de « Right » au cri plaintif de « Can You Hear Me ? », il enchaîne les moments savoureux. On retient notamment l’agressif « Fame » enregistré avec John Lennon. La photo de la pochette renforce la nouvelle authenticité et l’apparente accessibilité de Bowie. Son androgynie stylisée a disparu. Faisant directement face à l’objectif, son portrait évoque une période depuis lontemps révolue. Le titre de l’album indique clairement quel est le public cible. Bowie passera le reste des années 70 à courtiser la vieille Europe, mais Young Americans fait de lui une star aux Etats-Unis.

Deep Purple – Machine Head – 01/03/1972

Deep Purple - Machine Head

Le 1er mars 1972 Deep Purple sort son 6ème album Machine Head. Composé en partie durant la tournée de l’été 1971, l’album a été enregistré en Suisse pour des raisons fiscales. Durant leur séjour de trois semaines, les membres du groupe ont assisté à l’incendie d’un théâtre pendant un concert de Frank Zappa, qui a détruit leur studio et inspiré « Smoke On The Water ». Son riff célèbre n’est que l’un des temps forts d’un album exceptionnel.
Il a été enregistré dans les couloirs du Grand Hôtel de Montreux, fermé au public, en utilisant le matériel des Rolling Stones. « Highway Star » ouvre l’album avec une percussion violente et une fusillade d’orgue, de guitares et de grondements féroces. Le rythme ralentit sur « Maybe I’m A Leo » et s’accélère avec le retentissant « Pictures Of Home ». « Never Before », morceau quasi funky, est suivi d’un magnifique trio qui clôt l’album : « Smoke On The Water » où règne la guitare de Ritchie Blackmore, « Lazy » avec son orgue montant et le crescendo de percussion et « Space Truckin’ » à tombeau ouvert avec les hurlements de Ian Gillan.
Le bassiste Roger Glover se souvient de cette époque comme d’un moment magique où le groupe a produit le meilleur album possible.

U2 – War – 28/02/1983

U2 - War

Le 28 février 1983 U2 sort son 3ème album War. Le disque, qui permet au quartet de Dublin d’exprimer ses opinions passionnées sur la politique et la condition humaine, reste l’un de ses albums les plus bruts. « Sunday Bloody Sunday » ouvre l’album et est incontestablement son titre phare : les rythmes militaires du batteur Larry Mullen Jr. et le riff de guitare en descente constante de The Edge dressent une toile de fond idéale pour l’appel à la trève entre l’IRA et les autorités britanniques lancé par Bono.
« New Year’s Day » est un autre titre dont la pérennité n’est plus à prouver. Le morceau affirme courageusement que, bien que déchiré en deux, le monde peut aussi ne faire qu’un. « Surrender » est un joyau plus tranquille, qui illustre le talent de U2 pour créer des atmosphères évocatrices. War occupe aussi une place à part dans dans la discographie du groupe pour la chanson « Seconds », l’une des trois seules où The Edge est le chanteur principal. Quant à l’hymne « 40 », il est joué en clôture des concerts de U2 tout au long des années 80.
War est le dernier album du groupe avec le producteur Steve Lillywhite aux commandes et un magnifique chant du cygne : la voix de Bono est remarquable tandis que les lignes de guitare de The Edge sont vitales et toujours mesurées. Un album impérissable.

The Auteurs – New Wave – 25/02/1993

The Auteurs - New Wave

Le 25 février 1993 The Auteurs sortent leur 1er album New Wave. Formé en 1992 par Luke Haines et sa compagne du moment Alice Readman (tous deux anciens membres du groupe The Servants) avec le batteur Glenn Collins et le violoncelliste James Banbury, le groupe sort le single « Showgirl » au mois de décembre suivant. Celui-ci prend d’assaut le hit-parade indé du Royaume-Uni et leur premier album suscite de grandes attentes. Peut-être davantage que Modern Life is Rubbish de Blur, New Wave pose les jalons de ce qui sera bientôt baptisé la britpop.
Les paroles incisives et intelligentes de Haines sont influencées par son amour du théâtre et du cinéma, la musique est un mélange de rythmes contemporains et de guitares décontractées. Le timbre rétro brillant de « Showgirl » et « Junk Shop Clothes  » trahit l’esprit pervers de Haines et l’association du violoncelle et du glam rock sur « How Could I Be Wrong ? » et « Idiot Brother» révèle son versant plus menaçant.
Plus de 15 ans après sa sortie, New Wave reste une oeuvre irrésistible et merveilleusement exécutée.

Led Zeppelin – Physical Graffiti – 24/02/1975

Led Zeppelin - Physical Graffiti

Le 24 février 1975 Led Zeppelin sort son 6ème album Physical Graffiti. Ce double album est le premier du groupe sur leur label Swan Song. Les séances d’enregistrement sont interrompues pendant 3 mois alors que le bassiste John Paul Jones est sur le point de quitter le groupe. A son retour, le groupe enregistre finalement un double album; les 4 faces du vinyle permettent aux musiciens d’explorer tout ce qu’ils désirent. La pochette novatrice (chaque fenêtre découpée révèle une image imprimée à l’intérieur) abrite un rock brut et traditionnel (« Boogie With Stu »), de superbes morceaux folk (« Bron-Yr-Aur »), du hard rock funk (« Trampled Under Foot »), du rock progressif mordant (« In The Light ») et de la pop enjouée (« Down By The Seaside »).
Inspiré par le voyage au Maroc de Page et Plant, « Kashmir » allie faux mysticisme et exotisme, les violons et synthés de John Paul Jones formant des mélodies modales alors que John Bonham frappe sa batterie de manière monolithique. « In My Time Of Dying » mêle la slide guitare meutrière de Jimmy Page au grondement du groupe.
Physical Graffiti est le dernier chef d’oeuvre de Led Zeppelin, toujours aussi ahurissant.

Led Zeppelin

The Smiths – Meat Is Murder – 11/02/1985

The Smiths - Meat Is Murder

Le 11 février 1985 les Smiths sortent leur 2ème album Meat Is Murder. Après leur premier disque éponyme, les mancuniens entrent en studio pour réaliser un disque traduisant au mieux leurs performances scéniques et leurs sessions à la BBC. Le guitarite Johnny Marr surprend cette fois vraiment par l’étendu de son jeu; il nous montre qu’il apprécie autant les crissements métalliques (« Nowhere Fast » ) que le rockabilly (« Rusholme Ruffians » ). Morrissey fait également un travail remarquable. Il se focalise ici sur le végétarisme, le pacifisme et l’anti-autoritarisme. Le titre de l’album, la pochette montrant le cliché d’un soldat de la guerre du Vietnam et les paroles de la chanson-titre en disent long sur son engagement. Sur « That Joke Isn’t Funny Anymore », il laisse transparaître une blessure authentique en semblant supplier une brute – ou pire, un ami – d’arrêter de le cajoler. Dans la réédition de l’album, le mélancolique « How Soon Is Now ? » est placé en milieu d’album. Cette chanson se classe parmi les plus énergiques et les plus vibrantes des Smiths et est souvent citée pour représenter leur musique.