Blur – Parklife – 25/04/1994

Blur - Parklife

Le 25 avril 1994 Blur sort son 3ème album Parklife. Cet album qui deviendra l’essence même de la britpop peut compter sur un arsenal de gimmicks efficaces. Il s’inspire autant du cynisme des années 60 que de la culture du voyou qui émerge alors. La pochette est également pensée avec soin : sur le recto on y voit deux magnifiques lévriers faisant la course, tandis que le verso montre les membres de Blur grimés en « working class heroes » dans les gradins d’un stade de l’est de Londres.
Avant d’être impliqués dans une rivalité avec Oasis, les quatre membres infléchissent leur style vers une version plus anglaise de la pop, tour à tour  mélancolique avec « End Of A Century », trash avec « Bank Holiday » ou carrément effrontée avec la chanson-titre contée par Phil Daniels, l’acteur de Quadrophenia. Le vaste « This Is A Low », avant-dernier titre de l’album, reste l’une des plus belles réussite du groupe. Les paroles égrènent lentement les prévisions maritimes de la BBC pour le littoral anglais sur un accompagnement musical qui reproduit le bruit d’un hors-bord.
Parklife est l’oeuvre la plus accomplie de Blur, à la fois ancrée dans le passé et résolument moderne.

The Cure – Seventeen Seconds – 22/04/1980

The Cure - Seventeen Seconds

Le 22 avril 1980 les Cure sortent leur 2ème album Seventeen Seconds. Après Three Imaginary Boys, le groupe aborde les années 80 avec un album que beaucoup considèrent comme le plus abouti. Seventeen Seconds offre au groupe son premier succès avec « A Forest », ce classique épuré au sublime et fugitif riff de basse. Les Cure maîtrisent déjà à la perfection l’art de la chanson sombre et dépouillée. Le look de Robert Smith – cheveux ébouriffés, visage pâle, rouge à lèvres appuyé et habits noirs – devient leur marque de fabrique, au même titre que les paroles oniriques et le chant glacial.
A l’image de la pochette de l’album, qui se limite à une tâche abstraite, le son ténu et minimaliste des Cure de l’époque de Seventeen Seconds est subtilement suggestif. L’album propose des atmosphères d’une captivante mélancolie, des instrumentaux courts et quelques titres pop, comme le vif et virtuose « Play For Today ». Seventeen Seconds a sa place aux côtés des chefs-d’oeuvre du groupe que sont Pornography et Disintegration.

Pixies – Doolittle – 17/04/1989

Pixies - Doolittle

Le 17 avril 1989 Pixies sort son 2ème album Doolittle. L’influence du nouveau producteur Gil Norton est palpable dés les premières mesures. La basse sonne avec une clarté que Steve Albini, producteur de Surfer Rosa, aurait refusée. Le mur de guitare surf de Joey Santiago et ses solos déjantés sont également nettoyés par Norton, tandis que les harmonies vocales de Kim Deal et Black Francis disposent de temps et d’espace pour briller. Cela produit un album de pop sublime, qui permet au groupe d’accéder au hit-parade avec  pour fer de lance l’excellent single « Monkey Gone To Heaven ».
Dans Doolittle, les Pixies affinent leur technique de juxtaposition d’une basse dépouillée, d’une batterie et de délicates sections vocales, avec des tourbillons de guitares bourdonnantes et des cris gutturaux dans un style surréaliste et raffiné.
Il est presque impossible de dissocier Doolittle de Surfer Rosa en termes de qualité tant ils ont tous les deux bien vieilli. Doolittle contient quelques titres plus doux, tels que « Here Comes Your Man » et « La La Love You », aux côtés du rock corrosif de « Wave Of Mutilation » et « Gouge Away ». Ecoutons-les tous les deux, encore et encore.

David Bowie – Aladdin Sane – 13/04/1973

David Bowie - Aladdin Sane

Le 13 avril 1973 David Bowie sort son 6ème album Aladdin Sane. Ecrit pour l’essentiel durant sa tournée américaine, Aladdin Sane poursuit là où Ziggy s’était arrêté, rappelant de façon brutale l’ascension météorique du martien du rock. On l’admet, la chose ne prend jamais aussi  bien que sur Ziggy, mais c’est une suite louable grâce à des chansons aussi accrocheuses que « Panic In Detroit », « Time » ou  « The Jean Genie ».
Comme sur Ziggy, le guitariste Mark Ronson joue un rôle aussi important que Bowie. Il lacère des licks à la Keith Richards sur « Watch That Man » et rappelle Godzilla parcourant Sufragette City dans le méchant « Panic In Detroit ». Les volées de claviers caractéristiques de Mike Garson parcourent le dernier morceau, « Lady Grinning Soul », tandis que la version mélodramatique de « Time » est le titre le plus mémorable de l’album. Le seul échec ici est la reprise peu judicieuse de « Let’s Spend The Night Together » des Stones, annonçant l’album suivant de Bowie, une décevante série de reprises intitulée Pin-Ups.

R.E.M. – Murmur – 12/04/1983

R.E.M. - Murmur

Le 12 avril 1983 R.E.M. sort son premier album Murmur. Apparu au sein de la scène alternative d’Athens en Géorgie, le groupe fait des adeptes grâce aux concerts donnés à l’université et pour le circuit radio. Musicalement, Murmur s’articule autour des accords dissonants effectués par Peter Buck sur sa guitare Rickenbacker et des mélodies persistantes de Michael Stipe. Il est enregistré dans un studio de gospel de Caroline.
Murmur est salué par la critique. Le magazine Rolling Stone le nomme album de l’année et il se faufile jusqu’au Top 30 américain. La photo gothique de la pochette fait explicitement allusion à leurs racines, figurant la vigne kudzu rampante qui prolifère en Géorgie et le chemin de fer rural d’Athens.
Un critique du New York Times affirme « Murmur semblera aussi original dans dix ans qu’aujourd’hui ». Disons même vingt ans, voire trente.

Aerosmith – Toys In The Attic – 08/04/1975

Aerosmith - Toys In The Attic

Le 8 avril 1975 Aerosmith sort son 3ème album Toys In The Attic. Avec cet album, le groupe invente le « Cock Rock », un sous-genre qui se délecte de sexe, de drogue et de sous-entendus grivois. Il permet aussi au groupe originaire de Boston de percer sur la scène internationale.
Les deux premiers albums ont échoué à faire de l’effet, Aerosmith luttant pour se définir face à des comparaisons peu flatteuses avec les Rolling Stones. Avec Jack Douglas aux commandes de la table  de mixage, les membres entrent en studio en sachant que le résultat sera décisif.
Dés le départ, il est clair que le groupe sait ce qui est en jeu. Avec le fracas torride du hit-hat, son riff écrasant et son chant grondant, la chanson-titre s’abat avec une pure folie. « Uncle Salty », plus calme, raconte dans le détail une sordide histoire de prostituées, maquereaux et dealers.  Mais ce sont « Walk This Way » et « Sweet Emotion », avec leurs rythmes funk et leurs guitares omniprésentes, qui ont cimenté la place du groupe dans l’histoire.

The Doors – L.A. Woman – 01/04/1971

The Doors - L.A. Woman

Le 1er avril 1971 les Doors sortent leur 6ème et dernier album studio L.A. Woman. Cet album sort juste au moment où l’on pense que les Doors s’enfoncent irrémédiablement dans une prétention insupportable. Soudainement, leur ostentation maussade se transforme en une comédie volubile et un calme discret. Le magazine Rolling Stone écrit : « Les Doors n’ont jamais été plus au point ». Amplifié par le bassiste Jerry Scheff et par Marc Benno à la guitare rythmique, leur son devient plus complet et plus contrôlé.
Jim Morrison est littéralement transformé. Du shaman de l’acid rock maigre comme un clou qu’il était, il change en une personnalité au charisme rustre. On découvre aussi une nouvelle espièglerie. « Love Her Madly », hommage à l’amour obsessionnel, propose une énergie enfantine grâce aux claviers fougueux de Ray Manzarek, tandis que « Hyacinth House » est imprégné de mélodrame. L’exubérance de la chanson-titre, périple à travers Los Angeles, couronne le tout. Morrison crie de façon triomphante à l’apogée de la section la plus forte et le groupe prend son envol.
Deux chansons moroses contrastent avec l’aspect brûlant de « L.A. Woman » et de « Crawling King Snake ». « Cars Hiss By My Window » déverse sa langueur, tandis que « Riders On The Storm » nous ramène en territoire plus habituel : un paysage de canyons peuplé de fantômes et d’hallucinations provoquées par le peyotl.

Prince – Sign O’ The Times – 31/03/1987

Prince - Sign O' The Times

Le 31 mars 1987 Prince sort son 9ème album Sign O’ The Times. Lorsque les sessions débutent en 1986, l’album doit s’appeler Dream Factory. Prince abandonne cette idée après avoir quitté sa muse Susannah Melvoin et son groupe The Revolution. A la fin de l’année, il se retrouve avec un disque réalisé sous le pseudonyme de Camille et le triple album Crystal Ball.
Dépité par la chute des ventes après Purple Rain, Warner refuse de sortir cette production, obligeant Prince à sélectionner le meilleur. Le résultat défie toute tentative de classement, passant du funk grinçant à la soul langoureuse, avec des clins d’oeil à ses idoles Joni Mitchell et Sly Stone. L’imagination de Prince est foisonnante. Du jazzy et surréaliste « Ballad of Dorothy Parker » à l ‘excentrique « If I Was Your Girlfriend », aucun contemporain de Prince n’a su repousser les limites avec tant de bonheur. L’album trouve un parfait équilibre entre le grave et le futile : l’évangélique « The Cross » précède « It’s Gonna Be A Beautiful Night », un rap de Sheila E. prenant pour base un poème d’Edward Lea.
« J’ai toujours dit, explique Prince sur MTV en 1985, qu’un jour je jouerais toutes sortes de musique et que je serais jugé non pas sur la couleur de ma peau mais sur la qualité de mon travail ». Ventes mises à part, cet album est celui qui concrétise le mieux cette ambition.

Pixies – Surfer Rosa – 21/03/1988

Pixies - Surfer Rosa

Le 21 mars 1988 Pixies sort son 1er album Surfer Rosa. Il s’agit d’un album brut et viscéral, qui pour de nombreux fans, demeure l’oeuvre la plus puissante du groupe. Pixies se forme à Boston en 1986 lorsque Charles Michael Kirtridge Thompson IV, alias Black Francis, abandonne ses études et persuade son ami Joey Santiago d’en faire de même. Une annonce dans un journal local permet de recruter la bassiste Kim Deal et son ami, le batteur Dave Lovering.
Pour l’enregistrement de son premier album, le groupe reçoit l’aide de l’intransigeant Steve Albini. Notoirement allergique à toute sonorité humaine, Albini n’accorde qu’une journée au groupe pour les voix et passe deux semaines sur les guitares. Le résultat, brut et enragé, conserve toutefois la mélodie et le dynamisme des compositions de Black Francis.
Qu’il s’agisse du martèlement asymétrique de « Bone Machine », des guitares fracassées de « Break My Body », du chant vicieux de « Something Against You », des cris perçants de « Broken Face », du « Gigantic » de Kim Deal ou de l’ode à la perte de contrôle « Where Is My Mind ? », une électricité maniaque traverse chaque chanson.

Iggy Pop – The Idiot – 18/03/1977

Iggy Pop - The Idiot

Le 18 mars 1977, Iggy Pop sort son 1er album solo The Idiot. Durant les huit années qui ont suivi le premier album des Stooges, Iggy Pop a plus brillé que n’importe quel artiste de sa génération et sa chute n’en a été que plus spectaculaire. Après son séjour en clinique psychiatrique, il meurt d’envie de disposer d’une deuxième chance mais les maisons de disques hésitent à prendre le risque de soutenir l’un des rockers les plus instables. Sur ce, arrive la bonne fée David Bowie.
Ce dernier, qui a collaboré avec Iggy Pop en 1974 sur Raw Power, recrute des musiciens et le fait venir à Berlin. Abandonnant la désinvolture des guitares tapageuses et de la section rythmique des Stooges, Pop et Bowie développent un son plus cérébral et tamisé. On y retrouve beaucoup de claviers et de basse. Les textes servent de rédemption à Iggy Pop. Ode mélancolique à ses anciens excès sexuels et à sa consommation de drogue sur « Funtime », ou évocation mièvre de ses anciens compagnons dans « Dum Dum Boys », on a l’impression que The Idiot émerge du  miasme mental d’Iggy.
Tandis que ses hurlements angoissés et sa voix de baryton sinistre suggèrent un homme peiné, on découvre aussi une certaine espièglerie lorsqu’il singe Bowie sur « China Girl » ou quand il critique les habitués du studio 54 dans « Nightclubbing ». Si la musique comme cure de désintoxication produisait toujours des résultats aussi excellents, les cliniques seraient bientôt vides.